Le mot « Art déco » est né dans les années 1960 pour désigner le style qui triomphe à l’« Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes » qui a lieu à Paris en 1925. Les appellations « Arts appliqués » ou « Style 1925 » l'ont précédé. « Art deco » (désignation américaine, e au lieu de é) est un style d'art contemporain.
Deux tendances très différentes coexistent dans cet ensemble de fabrications de bâtiments, d'aménagements de paquebots, de fourniture d'objets meublants :
La tendance traditionnelle : c’est le style « Art Déco » qui s'adresse à une élite fortunée de 1920 à nos jours.
La tendance moderne, fonctionnelle dès 1910 : c’est le début du design (voir UAM en 1929), qui recherche une production industrialisable, pour une clientèle de masse. Ce fut une véritable, mais brève explosion artistique concernant de nombreuses disciplines :
En architecture : Chrysler Building (New York). Empire State Building (New York). Tony Garnier, Auguste Bluysen, Le Corbusier et Robert Mallet-Stevens, Pierre Patout, Michel Roux-Spitz, Henri Sauvage, Louis Süe, Albert Laprade.
En France, des hôpitaux, des postes, des écoles, des stades et des aérogares tout comme des terminaux portuaires voyageurs et des grands hôtels portent cette architecture.
L'un des thèmes en architecture ostentatoire était d'utiliser les formes des objets quotidiennement utilisés par le propriétaire du bâtiment afin de l'appliquer au bâtiment. Ainsi, le toit du Chrysler Building aux États-Unis évoque les pare-chocs des voitures de la marque. (Ce concept atteint son paroxysme ultérieurement avec le style California Crazy où l'objet surdimensionné est un élément du bâtiment ou le bâtiment dans son entier.)
Cette formulation de l'Art déco permet aussi un retour à des formes et des matériaux pré-modernes (utilisation du staff de façon remarquablement appuyée dans certaines réalisations). La statuaire de façade est issue de la formulation classique et antique des atlantes, cariatides et mascarons, une formulation porteuse de symboles religieux protecteurs. Une reformulation symbolique est appliquée à cette statuaire, un marquage positif. Là, la statuaire représente des figures neutres ou des représentations personnelles des individus commanditaires marquant leur importance (comme dans l'antiquité). Des matières contemporaines (matières plastiques par exemple) sont utilisées. Les formes épurées de vitraux, leurs motifs parfois figuratifs (jusqu'à représenter des usines), parfois abstraits sont représentatifs du monde contemporain d'alors, de l'industrialisation.
Sans leader véritable ni théorie établie, l'Art déco fut critiqué dans le milieu créatif architectural dès ses premières années pour sa superficialité. Cette architecture était particulièrement employée pour tous les édifices devant valoriser l'image de son commanditaire ou évoquant les loisirs : l'architecture commerciale (boutique, siège social, etc.), les théâtres et cinémas, mais aussi l'architecture domestique (le décor servant de signe de distinction sociale lors des réceptions, très en vogue dans tous les pays concernés). Touchant d'abord les classes les plus aisées, ce style fut demandé rapidement dans l'ensemble du corps social et devint très populaire. Concernant le métier de l'architecte, cette période formule l'évolution de la profession d'architecte-artiste en architecte-ensemblier qui coalise pour un chantier des artistes et des techniques d'artisans ou d'industriels.
L'importance culturelle contemporaine de l'Art déco est variable selon le pays concerné. Elle est relativement faible en France son pays d'origine. Elle n'y est que le contre-point de l'architecture moderniste dépouillée qui fut très en vogue toutes classes sociales confondues après la deuxième guerre mondiale. Elle est d'importance en Belgique. Elle a été présente en Afrique du nord coloniale et se mélange avec son pendant, l'architecture rigoureuse du Mouvement Moderne pour constituer un patrimoine devant être actuellement conservé après la décolonisation. Et le style Art déco été très important dans l'histoire du Canada et celle des États-Unis (avec ses gratte-ciel marquant sa richesse), deux pays intégrateurs des architectures issues d'autres contrées dont la culture occidentale était raffinée en comparaison. Ce fut là où les « Art deco » furent créés et où ils se poursuivent. Cette composante a toute son importance dans l'« histoire courte » de ces pays qui aboutit à leur indépendance culturelle, où la destruction de patrimoine local n'est pas due aux guerres. Ce style est marque de richesse de la future « jet set » en constitution après la deuxième guerre mondiale qui remplace la clientèle des paquebots de luxe qui reliaient l'Europe aux Amériques. Cette architecture est portée par des halls d'entrée ostentatoires et symboliques, des circulations verticales en ascenseur luxueux et des intérieurs en étage tout aussi raffinés, ainsi que des inscriptions et figures statuaires symboliques extérieures. Une grande partie de ces équipements avait été à son origine importée d'Europe sous l'action d'architectes aussi bien européens qu'américains. En Amérique du sud ce style existe de la même façon pour les mêmes raisons.
Vase en grès signé "frères Mougin", réalisé vers 1925 dans l'atelier de la Faïencerie de Lunéville-Saint-Clément.
Design : aménagement intérieur de l'Aubette (Strasbourg), Gustave Miklos, Ludwig Mies van der Rohe, Amédée Ozenfant.
Cinéma : L'Inhumaine de Marcel L'Herbier avec des décors de Robert Mallet-Stevens.
Graphisme : Cassandre
Peinture : Tamara de Lempicka, Jean Dupas
Sculpture : François Pompon, Chana Orloff, Carlo Sarrabezolles, Joseph Bernard, Charles Lemanceau
Mobilier : Jacques-Émile Ruhlmann, Pierre Chareau, Eugène Printz, Paul Follot
Laque : Jean Dunand
Verrerie : Maurice Marinot, François Décorchemont, Lalique, Louis Barillet
Céramique : Henri Rapin, Joseph Mougin, Georges Condé, Auguste Delaherche
Ferronnerie : Raymond Subes
Orfèvrerie et bijouterie : Puiforcat, Cartier, Jean Després
Mode : Une figure emblématique de la période Art déco est la garçonne : on assiste en effet à l'émancipation de la femme qui occupe une place au moins égale à celle de l'homme, dans les années 1920. Le mot vient du roman du même nom écrit par Victor Margueritte. Les plus belles représentations de la garçonne sont Suzanne Lenglen (tennis), Louise Brooks (cinéma), Tamara de Lempicka (peinture) ou encore Joséphine Baker.
Matériaux[modifier | modifier le code]
L'usage du béton en recouvrement offre une surface plus lisse et nue que la brique, rappelant les massifs blocs de pierre utilisés dans ces civilisations antérieures.
Les bâtis sont le plus souvent en chêne.
Les structures moulurées ou plaquées utilisent l’acajou, le palissandre, le thuya, l’amarante, le citronnier… Contrastes de bois clairs (citronnier) et de bois foncés (amarante), de couleurs et de matières.
Si les tissus d'ameublement sont employés, les décorations murales stylisées sont peintes sur les murs, et sur des papiers-peints.
Formes[modifier | modifier le code]
Les volumes sont parallélépipédiques, aux angles vifs, ou arrondis, ou à pans coupés. Le cercle et l’octogone sont également appréciés.
Les gratte-ciel Art Déco sont généralement faits de segments empilés de dimensions décroissantes dont les jonctions se font à angles droits; en général cette géométrie est issue des nouveaux plans d'urbanisme mis en place.
Les corniches et linteaux de fenêtre sont couverts de hauts reliefs géométriques.
Ce mobilier à l'origine du style 1925 est le dernier témoin d’une longue tradition française. Les sièges sont souvent d’inspiration Directoire ou Restauration. Un souci de confort est à remarquer dans les fauteuils, inspirés du fauteuil club, aux formes profondes. Le bois est peu apparent et souvent dissimulé par un revêtement en cuir ou en textile.
Le cosy-corner, création de l’époque, fait fureur. C’est un divan d’angle, encastré dans une boiserie avec diverses étagères.
Les commodes et meubles d’appui ont une façade très souvent galbée, voire ventrue.
Les tables sont rondes, ovales ou rectangulaires avec les angles cassés.
Les coiffeuses et bureaux de dames sont particulièrement raffinés.
Les formes du mobilier restent classiques, avec parfois des rappels des styles antérieurs : Louis XVI, Directoire, Louis-Philippe et mobilier traditionnel africain. Mais l’art cubiste va pousser à une simplification des formes.
Les meubles sont souvent supportés par des socles. Si la ligne est épurée, le mobilier affiche une décoration soignée et souvent luxueuse.
Les moulures sont rares.
Les représentations solaires avec rayons sont récurrentes.
La sculpture est très méplate. Elle utilise un répertoire géométrique, floral ou animal, très stylisé, géométrisé. La rose est très présente en bouquet, en corbeille, en guirlande.
Pour le traitement des surfaces, on utilise la dorure, la laque ou encore la marqueterie : incrustation de filets, de plaquettes en ivoire (influence de l'art nègre), de nacre ou de métal (argent, cuivre, laiton, aluminium).
La coloration de certains bois tel l’érable, teinté en rouge, bleu, vert ou gris (goût de la polychromie né des ballets russes).
Les figures sont stylisées, les motifs régulièrement répétés. Le tissu sature souvent les intérieurs de rythmes saccadés et vifs qui rappellent ceux de la musique légère de l’époque. Tous les motifs et influences déjà cités se répètent avec une constance qui contribue, certes, à l’unité du style, mais finit aussi par rendre les intérieurs étouffants.
Principaux créateurs[modifier | modifier le code]
Le mobilier Art déco est l’œuvre d’artistes décorateurs destinée à une clientèle aisée, ayant soif de nouveauté, mais qui demeure relativement conformiste. Il s'agit de meubles réalisés par des ébénistes qui cherchent le luxe et la perfection. Les meubles sont donc des pièces uniques. La formule Art déco caractérise un style décoratif répandu internationalement. Initialement l’Art déco, le Style Moderne ou International appartient à un monde de luxe et d’opulence, il est un amalgame entre l’art et l’artisanat.
Maurice Ascalon
Georges Bastard
Pierre Chareau
Jean Dunand
Alexandra Exter
Christian Fjerdingstad
Eileen Gray
Pierre Legrain
Alexandre Léonard
Tamara de Lempicka
Vadym Meller
Gustave Miklos
Henri Rapin
Jacques-Émile Ruhlmann
Édifices art déco[modifier | modifier le code]
France[modifier | modifier le code]
Gare de Cherbourg-Transatlantique
Grand Rex
Bibliothèque Carnegie (Reims)
Villa Douce (Reims)
Villa Demoiselle (Reims)
Église Saint-Nicaise de Reims
Piscine du Tennis-Club (Reims)
Piscine Molitor
Opéra de Reims (décoration intérieure)
Ancien Comptoir de l'Industrie (Reims), 6-12 rue Cérès, architectes : Marcel Rousseau et Émile Thion, 1922)
Cinéma Opéra (9-11, rue de Thillois), Reims (architectes : Marcel Rousseau et Émile Thion, 1923)
Hôtel de la mutualité (12, cours Langlet et 11, rue des Élus), Reims (architectes : Ferdinand Amann et Albert Cuvillier, 1927)
71, rue de Vesle (2-4, rue des Capucins), Reims (architecte : Lucien Gillet, 1930)
18, rue de Vesle (1-5, rue Talleyrand), Reims (architecte : Pol Gosset, 1927)
Anciens grands magasins "Au Petit Paris" (31-33 rue Talleyrand), Reims (architectes : Marcel Dastuque et Paul Viard, 1924)
Anciennes Galeries Rémoises (rue Docteur Jacquin, rue de l'Arbalète), Reims (architectes : Léon Margotin et Louis Roubert, 1934)
22, rue Courmeaux, Reims (architecte : Jacques Rapin, 1923)
Palais de la Porte Dorée, 12e arrondissement de Paris
Immeuble CGA, rue Racine à Nantes
Maison bleue (Angers)
Palais de la Méditerranée (Nice)
Buffet de la gare de Saint-Quentin
Studio Saint James de Jacques Doucet, à Neuilly-sur-Seine
église Saint-Blaise de Vichy. Il s'agit de la partie agrandie à partir de 1931
Palais de Tokyo de 1937
Palais de Chaillot de 1937
Association des villes Art déco
Beffroi de Lille, hôtel de ville de Lille.